Photos: Manuel Braun
Talents. C’est Benoît Violier qui l’avait révélé: la gastronomie suisse ne se limite pas à d’excellents produits, elle est aussi portée par des talents. Et ces talents, méritent d’être valorisés. C’est ce que Présence Suisse et les Grandes Tables de Suisse viennent de concrétiser à Paris: «Depuis toujours, on sait que la gastronomie sert la diplomatie. Or, la diplomatie doit aussi servir la gastronomie» résumait Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, pour les vingt convives triés sur le volet, réunis sous le lustre de Murano qui éclaire la salle à manger de l’ambassade Suisse à Paris. Un premier dîner d’une série qui doit valoriser la gastronomie et les vins suisses dans les ambassades du monde entier.
Fastes. Dans les ors et les décors de l’hôtel Chanac de Pompadour , la magnifique demeure datant de 1704 qui abrite l’ambassade suisse depuis 1939, (également appelée Hôtel de Besenval, comme le mentionnait le menu) le dîner fut d’anthologie. A la table de l’Ambassadeur, diplomates, membres du Club des Cent (société exclusive dédiée à la gastronomie), sénateurs, députés, représentants de l’Académie des sciences morales et politiques et critiques gastronomiques les plus reconnus de l’hexagone ont dégusté un menu concocté par cinq chefs venus tout exprès depuis la Suisse.
Chefs suisses. Pour assurer cette nouvelle mission de diplomatie gastronomique, les Grandes Tables de Suisse n’ont pas délégué les moindres de ses membres: Bernadette Lisibach (Neue Blumenau, Lömmerschwil, 16/20), Lorenzo Albrici (Locanda Orico, Bellinzona, 16/20), Guy Ravet (L’Ermitage des Ravet, Vufflens-le-Château, 19/20) , Pierrick Suter (La Table des Suter, Lucens, 17/20), ont accompagné le Président de l’association, Pierre-André Ayer. Et pour parfaire cette « dream-team », Paolo Basso, meilleur sommelier du Monde en 2013 s’occupait du choix et du service des vins, tous exceptionnels. Pour les soutenir, Michel Roth, le plus parisien des grands chefs helvétiques (l’ex-chef du Ritz qui officie au Bayview de l’Hôtel Président Wilson, à Genève, 18/20) est également venu.
Menu alpin. Entre les bouchées accompagnant l’apéritif au jardin (excellentissime croustade de Lucerne, soupe à l’orge...) et le café pris sous la grande tapisserie représentant Louis XIV recevant les délégués des cantons, (café accompagné de chocolats à la crème double ou aux eaux-de-vie), le feu d’artifice culinaire a été unanimement salué par les convives: la roulade d’omble du Léman et sa nage au safran, le filet de veau tessinois idéalement rosé et son risotto aux cèpes, les fromages fribourgeois et leur poire à botzi caramélisée et enfin le tube meringué aux fraises suisses et agrumes de Borex ont transporté l’assistance.
Mission accomplie. Bonne chair et bons vins aidant, tout le monde est ainsi tombé d’accord pour mettre sur pied une collaboration internationale visant à valoriser le patrimoine culinaire des Alpes, avec la Suisse en son centre. C’est donc bien vrai: diplomatie et gastronomie se complètent à merveille. Bravo, donc, à la délégation suisse qui a réussi à épater les représentants de la France, pays de la gastronomie par excellence qui, rappelons-le, a inscrit sa tradition culinaire au Patrimoine immatériel de l’Unesco. A quand le tout de la Suisse?