Texte: Daniel Böniger | Photos: Sedrik Nemeth
LE SOUCI DU DÉTAIL, COMME À CRISSIER. Le weekend passé, à l’Omega Masters de Crans-Montana, il n’y avait pas seulement des champions de golf. En effet, Franck Giovannini était présent pour préparer un menu gastronomique exclusif. Seuls 24 heureux convives ont pu prendre place à deux mètres à peine de sa cuisine mobile. L’occasion d’observer en détail comment le chef du Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier (19/20) prépare ses chefs d'œuvres, comme ces filets de perche marinés et ces haricots croquants agrémentés de caviar. Un spectacle passionnant, puisqu’à chaque fois que le plat semblait terminé, l'un des quatre cuisiniers qui accompagnaient Giovannini prenait ses brucelles pour ajouter un élément: de très fins tronçons de haricots, des confétis de salade ou des chips de tapioca. Un souci du détail qui fait la signature de l'Hôtel de Ville.
SYNCHRO ET DANS LES RÈGLES DE L'ART. En plus de la vue sur la brigade du restaurant triplement étoilé les épicuriens présents au pavillon de l'ASGI (Association Suisse des Golfeurs Indépendants, organisateur de l’événement), où le déjeuner a été servi, ils avaient aussi la chance de se trouver à dix (!) mètres à peine du tee 1: en attendant les plats, ils pouvaient donc voir des stars comme Matthew Fitzpatrick ou le futur vainqueur du tournoi Ludvig Aberg s'élancer. Côté cuisine, rien ne dérogeait au «style Crissier»: médaillons de homard bleu et ses fleurs de courgettes croustillantes, raviolo vert aux chanterelles et jus d'amigne mousseux, escabèche de turbot breton aux tomates et violettes.
UN ÉVÉNEMENT, UN HOMME: PASCAL GERMANIER. Comment l’ASGI a–t-elle réussi le tour de force de faire se déplacer en Valaisde Franck Giovannini, le «Cuisinier de l'année» 2018? C’est la question qui tremblait sur toutes les lèvres. D’autant plus, qu’il ne s’agissait pas d’une première: l’ASGI reçoit régulièrement Franck Giovannini lors de ses très populaires «Parcours Gourmands». Mais c’est devenu une tradition, depuis 2009, ces tournois de golf pour gourmets accueillant les plus grands chefs. Tout cela grâce à Pascal Germanier. Car le secrétaire général de l'ASGI est proche des chefs comme personne. Philippe Rochat et Benoît Violier, les prédécesseurs de Giovannini, étaient déjà ses amis. De plus, il est un habitué de Crissier: «Je mange plusieurs fois par an chez Franck et j’y préside le club de cigares.»
LES GOLFEURS SONT DES CONNAISSEURS. De son côté, Franck Giovannini apprécie de cuisiner pour les golfeurs: «Ce sont des clients géniaux, dit-il. Ils ont l’habitude des bons produits et des vins de qualité.» Ce n'est guère un hasard si la dernière sortie de la cinquantaine d'employés du restaurant aux 19 points a eu lieu sur le terrain de golf de Crans. Giovannini s’est d’ailleurs essayé à la petite balle blanche et ne s’en cache pas: «Mes premiers essais n'étaient pas mauvais. Mais ce ne serait pas possible d’en faire un véritable loisir, car le temps me manque, tout simplement.»
«QUIET PLEASE!» Puis, alors que les golfeurs tapaient leurs balles à côté du pavillon, le panneau rouge «Quiet please» («Silence s’il vous plaît») a surgi, obligeant Gilles Besse, le célèbre œnologue valaisan représentant du Domaine Jean-René Germanier, à reporter son intervention visant à présenter le pinot noir 2019 «Lapon», servi dans un magnum par la cheffe sommelière de Crissier, Charline Pichon. Pour accompagner ce vin, un filet de bœuf aux olives picholines en sauce à la moutarde et à l'origan. Soudain, le lien entre haute gastronomie et golf s’est imposé comme une évidence: dans ces deux disciplines, pas de réussite sans concentration. Comme le dit bien le dicton, le prochain coup (ou le prochain plat) est toujours le plus important. Que l'on porte une toque ou une casquette de golf.
>> www.asgi.ch