Texte: Elsbeth Hobmeier Photo: Hans-Peter Siffert

LES GRISONS, L'AFRIQUE DU SUD ET ENFIN RETOUR EN VALAIS. Son grand-père et son père étaient déjà des viticulteurs passionnés, mais c'est bien Pierre-Elie Carron qui a changé la donne en cessant de vendre ses raisins à la coopérative, pour les vinifier lui-même. Après avoir travaillé quelque temps dans la finance, notre «Rookie de l'année» 2025 a décidé de se tourner vers les vignes. Il a alors recommencé ses études à Châteauneuf, puis a effectué un stage en viticulture et a obtenu un bachelor en œnologie à Changins. Avec même, cerise sur le gâteau, le meilleur travail de diplôme de sa volée. Ensuite, pour élargir son horizon, il s'en est allé travailler chez Christian Hermann à Fläsch (GR) puis chez Mountain Ridges Wine en Afrique du Sud. Quand il rentre enfin en Valais, fort de toutes ces expériences, l'homme a envie de se mettre à son compte. Il reprend donc le domaine familial, et, en  2016, à 24 ans, il lance des vins sous son propre nom, tirés de ces fameuses vignes en terrasses, qu'il travaille à la main, en grande partie en bio, même si, pour l'instant, c'est encore sans certificat. Mais ce n'est que partie remise, puisque d'ici cinq ans, il assure que tout son vignoble sera certifié bio.

 

DEUX CORNALINS, TROIS PETITES ARVINES, QUATRE SYRAHS. Pierre-Elie Carron, ou Pec, comme tout le monde l'appelle ici, est connu comme le loup blanc à Fully, même si sa cave se trouve un peu plus loin, à St-Pierre-de-Clages. Mais ce n'est que temporaire, puisque Pec cherche actuellement de nouveaux locaux, qui lui permettraient de s'agrandir. En effet, avec une gamme de 19 vins, le vigneron n'a pas assez de place pour traiter lui-même la totalité de la production de ses huit hectares, ce qui le contraint, aujourd'hui encore, à vendre une partie de sa production. «En plus, ce ne sont à chaque fois que de petites quantités, car je veux pouvoir, dans la mesure du possible, vinifier chaque parcelle séparément», explique-t-il. C'est ainsi qu'il propose deux cornalins, trois petites arvines et même quatre syrahs différentes.

Terrassierte Weinberge mit Trockenmauern

La syrah et la petite arvine s'y sentent bien: des vignobles en terrasses avec des murs en pierres sèches.

Pierre-Elie Carron in seiner Garagewinery in Saint-Pierre-de-Clages

Pierre-Elie Carron manque de place dans son Garage Winery à Saint-Pierre-de-Clages.

Carron Pierre-Elie Vigneron-Oenologue, Fully, VS

Depuis 2016, Pierre-Elie Carron met les vins en bouteille sous son nom.

 

COUP DE CŒUR POUR LE COMPLETER. Comme il se doit pour un vigneron valaisan, le fendant, le heida, la petite arvine, le cornalin et la syrah font partie de ses cépages préférés. Il les vinifie au plus proche du fruit, «avec aussi peu d'interventions que possible». Et avec succès, puisque nos dégustateurs ont été enthousiasmés par la belle minéralité de la petite arvine «Pierra Platta» et par les magnifiques arômes de cerise du Cornalin. Mais s'il reste fidèle aux cépages traditionnels valaisans, Pierre-Elie Carron n'hésite pas à tenter de nouvelles expériences. Il lui est, par exemple, arrivé de plonger quelques bouteilles de petite arvine des millésimes 2017 et 2018 dans un lac de montagne pour qu'elles puissent vieillir au frais et sans apport d'oxygène. Il tire aussi un vin doux de la petite arvine et propose un vin mousseux composé de chardonnay et de doral. Il a même planté un peu de viognier. Autre infidélité à la tradition valaisanne, le completer, qu'il a appris à aimer pendant son séjour aux Grisons. Un cépage qui semble apprécier les sols valaisans, ce qui a poussé Pec à en agrandir la surface.

 

>> www.pec-vins.ch