À contre-courant de la tendance. «Régime» n'est pas exactement le mot que l'on se réjouit d'entendre à l'approche des fêtes de fin d'année. Pourtant, il est difficile d'échapper aux innombrables articles qui nous incitent à lutter contre le fléau qu’est le sucre. Malheureusement pour lui, l'un des styles de vinification les plus anciens et les plus reconnus est pris dans cette lutte anti-douceur: autrefois considérés comme royaux, les vins doux passaient pour le «nectar des dieux». De même, le champagne sucré était de rigueur jusqu'à la fin du XIXe siècle, avant que les secs et bruts ne prennent le dessus. J'ai récemment participé comme membre du jury au Concours Mondial de Bruxelles des vins doux et fortifiés, ce qui a ravivé mon intérêt pour ces styles de vins. Les vins de dessert sont parfois uniques et envoûtants et je suis persuadé qu’ils méritent leur place à table.
Une frénésie de saveurs. Ainsi, cette perle primée de La Côte mettra vos papilles en ébullition. Il s'agit non seulement d'un régal rare - seules 3,500 demi-bouteilles sont produites chaque année - mais aussi d'un superbe exemple de déclinaison du chasselas. Avant la vinification, le moût est congelé avant d'être délicatement pressé, ce qui permet de conserver les arômes délicats et les sucres naturels. Séduisante au premier regard, sa robe est un voile luxuriant de nectarine et de miel qui irradie le verre. La séduction se poursuit avec des arômes enveloppants de pêches cuites et de poires pochées avec une touche d'épices de cuisine, de vanille et de fleurs blanches. On retrouve ainsi les attributs clés du cépage, mais avec une touche de fantaisie. Ces arômes complexes ne sont pas excessifs pour autant. L'attaque est juteuse - comme si l'on mordait dans une pêche mûre - mais elle est contrebalancée d'une nuance de minéralité. Une véritable expérience sensorielle! La finale est mémorable, complétée par une chaleur proche du whisky, soutenue par une touche de salinité. Mon palais est émerveillé.
Un mariage digne de ce nom. La richesse du vin appelle la richesse d'un plat. J'ai mis ce vin au défi en le soumettant à un test de dégustation en trois actes: avec un pâté en croûte de lapin au bacon, puis avec un foie gras sur brioche grillée assorti d’une confiture d'oignons rouges au chili. Enfin, avec une tranche de cheesecake au crumble de pommes et épices. L'énergie du vin est évidente, l'acidité revigorante et la dégustation n’est que pure élégance. Alors, oubliez les gourous de la santé et, sans excès, laissez-vous tenter par une petite folie sucrée.