Texte: Geny Hess Photos: Fabian Häfeli

DES PRÉDÉCESSEURS DE GRAND TALENT. Pas toujours facile de gérer un domaine comme le Schlossgut Bachtobel, situé dans la région d'Ottenberg, en Thurgovie, propriété d’une même famille depuis 1784, tant le poids de l'héritage est important. Et pourtant, Johannes Meier, huitième génération et actuel responsable s'en sort avec les honneurs. C'est d'ailleurs le moins que l'on puisse dire, puisque ses vins sont régulièrement considérés parmi les meilleurs de Suisse «Je suis parfaitement conscient du respect que je dois au talent mes prédécesseurs», assure le vigneron, qui a repris le domaine après le décès de son oncle, le légendaire œnologue Hans Ulrich Kesselring, il y a maintenant 16 ans. 

 

VIEILLES VIGNES, SOLS PAUVRES. Comme un décor de conte de fées, le domaine viticole et ses six hectares de vigne se déploie dans un paysage idyllique, entouré de forêts. Il arbore le bourgeon bio depuis 2021. Le vieux domaine comprend en outre dix hectares de terres agricoles, louées, cultivées, elles aussi, en bio, avec des prairies, des vergers et des champs. Et si c'est bien Johannes Maillard qui a franchi le pas de la certification officielle bio, la voie vers une viticulture écologique avait été préparée par son prédécesseur. Déjà, à son époque, on misait sur les engrais naturels. En conséquence, les vignes, parfois anciennes, sont aujourd'hui très résistantes malgré des sols pauvres. Ainsi donc, opter pour le label bio ne fut pas compliqué, mais simplement logique, pour "une question de cohérence et de philosophie".

Schlossgut bachtobel

Un décor de conte de fées: les six hectares de vignoble sont entourés de forêts, de vergers et de cultures.

Ines Rebentrost, Fazli Llolluni, Philipp Gfeller und Johannes Meier (v.l.n.r.).

L'équipe de Bachtobel: Ines Rebentrost, Fazli Llolluni, Philipp Gfeller et Johannes Meier (de gauche à droite).

VINS DE TERROIR ET COLLABORATEURS EN BONNE SANTÉ. Aujourd'hui, Johannes Meier assure que si c'était à refaire, il referait exactement la même chose. Et voilà pourquoi, quand on passe dans les vignes, on retrouve ses collaborateurs, pour la plupart des fidèles de longue date, en T-shirt sur leur tracteur, qui pulvérisent des produits phytosanitaires bios, en toute décontraction, plutôt que d'être couverts de combinaisons de protection inconfortables pour répandre du poison. D'ailleurs, pour le patron, si le bio permet d'avoir un vin de qualité, il permet aussi de protéger la santé de ses employés, ce qui est, pour lui, tout aussi essentiel. En outre, après tout ce temps en bio, la protection de ses raisins est désormais également assurée par la biodiversité du vignoble, par les herbes, les graminées et les animaux qui s’y nichent. Ce qui donne des grappes produisant des vins gouleyants, et des bouteilles qui portent le caractère unique de leur terroir.

 

LAISSER FAIRE LA NATURE, MÊME SI CA PREND DU TEMPS. Malgré la qualité des vignes et l'attention donnée au sol, de nouvelles plantations sont parfois nécessaires. Ce qui nécessite de la patience. «Parfois, il faut simplement garder son sang-froid et laisser les jeunes vignes se battre», explique Johannes Meier. Mais, au final, cette patience sera récompensée, puisque les ceps qui vont survivre seront résistants, parfaitement préparés pour l'avenir. Car l'objectif est toujours le même: faire croître des vignes vigoureuses, mais en laissant faire la nature.

 

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