Texte: Siméon Calame | Photos: Zoé Jobin
1064, 2108, 29… Ces nombres, qui semblent n’avoir aucun lien entre eux, sont en fait les noms des alcools distillés par Romain Wanner (en grande photo ci-dessus). Ainsi, le gin «1064» est le code couleur du safran, ingrédient principal, le gin «29» contient… 29 ingrédients, la «2108» rappelle le code postal de Couvet… Jouant depuis des années avec les mots, le cuisinier et journaliste de formation joue désormais avec les nombres dans sa petite distillerie à Couvet (NE). Petite, mais renommée loin à la ronde. Car avant la «Distillerie Wanner» de Romain, l’entreprise était connue sous le nom d’«Absintissimo», la marque créée par son père, René. En 18 ans d’activité, ce dernier a décroché pas moins de 180 médailles dans des concours nationaux et internationaux. Mais depuis l’automne dernier, il a passé la main à son fils cadet.
Une recette créée par ChatGPT. «Le covid a bousculé beaucoup de monde, dont mon père, qui a souhaité remettre son entreprise, confie Romain. Dans le même temps, je cherchais à me lancer dans quelque chose d’un peu plus concret: c’était le bon match!» Et tant qu’à reprendre un commerce, autant lui donner un bon coup de jeune! De nouveaux visuels, mais aussi une gamme plus resserrée: Romain souhaite passer d’une trentaine de produits différents à une quinzaine. Sa patte, on la perçoit aussi dans d’originales idées, toujours un peu «geeks»: l’amène jeune homme (34 ans) a fait créer une recette de gin par ChatGPT, le fameux outil utilisant l’intelligence artificielle: «C’était pour m’amuser, voir jusqu’où il pouvait aller, précise-t-il. À première vue, la recette tient debout, mais je ne l'ai pas encore testée. Si le résultat est bon, je finirai peut-être par commercialiser le produit.»
Des spiritueux sur mesure. Le projet qui se concrétisera à coup sûr, c’est la création de spiritueux personnalisés pour les privés ou les restaurateurs. Car après plusieurs années à côtoyer les chefs et les artisans romands pour le compte de plusieurs médias (il rédige toujours des textes et articles pour le compte de l'Académie Suisse Bocuse d’Or), il prolonge l’oeuvre de son paternel en testant ses recettes, en recherchant de nouvelles techniques et en sourçant les meilleures herbes de la région. «Les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie sont en quête de nouvelles productions locales, continue Romain. C’est vrai: pourquoi servir un pastis alors que l’on a de superbes absinthes? Je creuse ce filon et mise également sur la création de «spiritueux à la carte» pour ceux qui le souhaitent, que ce soit des absinthes, des gins, des alcools de fruits ou autre. L'idée est d'accompagner les chefs, les privés ou des entreprises à faire «leur» alcool: une recette sur mesure, tant en «one-shot» pour un événement, que sur la durée. Ça prendra un moment, mais ce challenge me motive!»