Texte: Knut Schwander
Michelin-Micheline. La Micheline? C’est un modèle de locomotive créée par la société… Michelin dans les années 30. Ce n’est donc doublement pas par hasard que le restaurant ambitieux installé dans l’immeuble de la gare des Eaux-Vives porte ce nom. Ici, le chef s’appelle Andres Arocena. Il a 33 ans. Il est originaire du Pays Basque espagnol. Et il a collectionné les passages chez les étoilés Michelin de San Sebastian à Marseille en passant par la Suisse (Edgard Bovier). En 2020, il s’est installé dans ce bel espace urbain flambant neuf et prolongé d’une terrasse au design profilé. A l’intérieur, c’est face à une photo géante de l’ancienne gare des Eaux-Vives en noir et blanc que l’on s’attable. Avec un infini bonheur. (Grande photo ci-dessus: le chef Andres Arocena et un dessert autour de la fraise)
Sommelier explorateur et exquis crus abordables. D’abord, vient le sommelier. Il est jeune, volubile, pertinent et sait dénicher des crus insolites en explorateur averti. Des vins souvent espagnols, évidemment, en hommage au chef. Mais sans oublier de regarder ce qui se passe ailleurs. Le tout à des tarifs avantageux, presque inédits à Genève où les prix ont tendance à s’envoler. D’ailleurs à midi, le menu de la semaine est aussi une aubaine. Le soir, l’offre égraine les ingrédients de saison, souvent marins et teintés d’hispanité. Olives en sphérification au piment et gelée de campari à l’orange; salade russe aux anchois, tuile de pomme de terre hyper gourmande et croquette de poisson font une suite d’amuse-bouches pleins de gourmandise et de surprises. Puis on est émerveillé par la neige de crevette tiède qui vient envoûter des gamberoni au raisins de mer: une entrée étourdissante de délicatesse. Le rouget de ligne reste dans la même veine, juché sur du boudin de Burgos et une mousseline de choufleur qu’entoure un jus réduit. Une fine tranche de pancetta iberica voile le tout. C’est une nouvelle merveille.
Pierre de lune et poussière d’étoiles. A côté du merlu de ligne cuit avec un infini doigté, un gourmand trompe l’oeil de piment rouge éclate de saveurs intenses. Et le mérou aux févettes se pare de crevettes d’Andalousie translucides, sous une dentelle aux parfums de bisque. En dessert, on rêve encore de la Pierre de lune au citron et sésame noir. Et la glace miso strillé de caramel beurre salé se déguste sur une tuile noire de charbon et un dense crémeux de chocolat noir. Vous vouliez un dessert plus aérien? Alors tentez les fraises gariguettes au yogourt grec et espuma.