Tristesse. Depuis son lit d'hôpital, Nik Gygax nous avait invités au «Déjeuner au Jardin», le 13 septembre… optimiste comme il l'a toujours été. Mais nous ne nous retrouverons plus chez lui au jardin. C’est sur sa tombe que nous nous recueillerons, pour dire au revoir à cette personnalité merveilleuse et à ce grand cuisinier.

 

Libéré. Nik avait subi une opération à cœur ouvert et il a dû être hospitalisé à maintes reprises, souvent pendant des semaines. Mais nous nous sommes habitués à ce qu'il retourne toujours à ses fourneaux bien-aimés, fatigué mais avec un sourire espiègle et plein de projets pour de nouvelles aventures culinaires. Or cette fois, la mort s’est révélée plus forte. Vendredi matin, Nik a été libéré de sa douleur et de sa souffrance.

 

L’amour de la Bretagne. A Thörigen, Nik Gygax était chez lui. Mais il y avait une région qu'il aimait encore plus: la Bretagne. Le chef y a passé ses rares vacances, avec les pêcheurs et son chien hirsute. La Bretagne a également façonné sa cuisine: grand dormeur, cardinal des mers, araignée de mer, creuses de Cancale, couteaux, crabes royaux, bar de ligne, sole et baudroie ont fait partie de ses réussites culinaires. Je ne connais aucun chef vivant aussi loin de la mer, capable d’apprêter avec un tel talent les créatures marines. Les habitués de sa table le savaient: qui commandait son menu «La mer Celtique» se retrouvait au paradis.

 

Belle histoire. Je connaissais Nik Gygax depuis des décennies. Il a été l'apprenti de l'inoubliable Seppi Hunkeler à l’Adlwer de Nebikon (LU). Certainement pas le meilleur à l'école, il n’en déployait pas moins un immense talent en cuisine. Nik l'a prouvé à maintes reprises dans l'auberge de ses parents, à Thörigen. Cuisinier sans livre de recettes, il se fiait d’abord à son instinct. Temps de cuisson et sauces n’avaient aucun secret pour lui, mais il a épaté tout le monde, même son ancien collègue Daniel Humm, devenu star mondiale à New York: «Nik est un cuisinier incroyable. Je l'ai toujours admiré et j'ai tant appris grâce à lui».

 

"L’amour éternel". Ses 18 points au GaultMillau lui étaient acquis, dans les bons comme dans les mauvais moments. Nik et le GaultMillau, c'était quelque chose comme «l'amour éternel». C'est pourquoi il est si difficile pour nous de dire ce que nous avons à dire maintenant: «Adieu Nik. Merci pour tout».