Texte: Urs Heller Photos: Gaudenz Danuser, Patricia Heller, HO
Spot de rêve pour instagrammeurs! Au Riffelhaus, à 2548 mètres d'altitude, la magie du jacuzzi extérieur offrant une vue renversante sur le Cervin remplit les visiteurs d'extase. Certains n’hésitent pas à se déshabiller pour bondir dans l'eau bouillonnante, Instagram oblige! Très grand, le sauna est également hors du commun: vitré du sol au plafond, il offre une vue imprenable sur le Cervin. Le Rifflehaus était autrefois un simple hébergement pour alpinistes. Aujourd'hui, facile d’accès grâce au chemin de fer du Gornergrat, il s’est mué en hôtel quatre étoiles tout confort. Et il affiche presque toujours complet – en particulier en ces temps de covid.
«Petit palace alpin.» C'est Josef Ruden, curé du village, qui a construit le Riffelhaus en 1853. A l'époque, le chemin de fer n'existait pas encore. Poutres et pierres ont été acheminées à dos de mulet ou transportées à bras d'homme. L'auberge était déjà surnommée «le petit palace dans la montagne». Sur les murs du salon, des portraits d'alpinistes rappellent ces temps anciens, de même qu'un cocktail spécial, servi dans la «skistübli». La recette est celle du médecin britannique Francis Sibson, le premier à avoir accompli l'ascension du Liskamm en 1861: «Red Country Wine and Swiss Champagne in equal proportions.» Le directeur de l'établissement, Jürgen Marx, se considère également comme gardien de cabane. «Il n'est pas possible d'être uniquement manager. Au «Riffelhaus», le patron doit aussi dégager la neige et porter les valises.
Cuisine gastronomique signée Kuster. Dans la cuisine, immense et lumineuse, on retrouve une vieille connaissance: l'Alsacien Alain Kuster, qui a passé trente ans à l'hôtel Mirabeau à Zermatt. Un chef carré et haut en couleur. Dans les années 1990, il fut le plus jeune chef GaultMillau doté de 16 points. Là-haut sur la montagne, les points sont toujours en ligne de mire. Il y sert ce que l'on s'attend à trouver sur une terrasse ensoleillée face au Cervin: des assiettes valaisannes, des croûtes au fromage, des fondues, des röstis garnis d'œufs au plat. Mais il y a mieux: une carte raffinée à midi et un menu de quatre plats pour les hôtes de la maison le soir. On se régale de son pot-au-feu de bœuf aux légumes racines, de sa soupe de foin de montagne au lard, de son carpaccio de thon jaune à la mangue et à l'ail fermenté. Le tendre filet de veau est enrobé de jambon de Zermatt, la poitrine de porc est cuite durant trente-six heures et glacée au poivre de montagne et au miel. L'un de ses classiques est également disponible à l'emporter, dans un bocal: le coq au riesling accompagné de spätzlis. La carte des vins est composée avec expertise.
Ski-in, ski-out! De bon matin déjà, les hôtes font honneur au généreux buffet (spécialités valaisannes, saumon, hareng mariné, roastbeef, birchermüesli). Car après tout, le Riffelhaus est un fantastique établissement sur les pistes. Le matin, sa situation exceptionnelle permet aux hôtes d'être parmi les premiers à dévaler les 360 kilomètres de pistes du domaine de Zermatt. De là, il est même facile d'accéder à l'Italie. La randonnée est également une option: le paysage est époustouflant et les 4000 à portée de main. Enfin, la piste de luge se termine devant la maison. A 20 h 20, le dernier train retourne dans la vallée. La «Riffelhaus society» se retrouve alors seule au monde.