Texte: David Moginier
Des anecdotes cocasses. Saviez-vous que le terme «gastronomie» ne date que de 1801, dans un poème didactique écrit par un ancien juge de paix et titré «La gastronomie»? Imaginiez-vous qu’on écrivait que les «vins du Dauphiné, du Languedoc et de Provence sont supérieurs aux bordeaux et aux bourgogne»? Vous souveniez-vous que la consommation d’insectes était préconisée à la fin du XIXe siècle? Comment est-on passé du homard à l’américaine au homard à l’armoricaine pour une sauce dans le fond méridionnale? Ce sont autant de petites perles qu’a dénichées Henri-Daniel Wibaut, patron de la librairie Gastarea, à Lausanne, dans sa fabuleuse collection de livres anciens de gastronomie et de d’œnologie.
Une adresse internationale. L’enseignant et traducteur a ouvert cette échoppe de la Cité en 2004, une adresse incontournable dans le monde entier. Il y passe des trésors insoupçonnés pour qui s’intéresse à l’histoire de la cuisine et du vin, dont il a tiré une cinquantaine de courts chapitres dans le livre qui vient de paraître. Ça se déguste comme un buffet de hors-d’œuvres, où l’on peut picorer sans ordre des délicatesses écrites avec autant de savoir que de drôleries.
L’origine de la frite Wibaut a tiré son titre d’un recueil écrit par Mme Mérigot en 1795, consacré entièrement à des recettes de pommes de terre pour convaincre les Français d’en manger. Y figure la première mention d’une patate frite qui pourrait faire croire qu’elle en est l’inventrice. Mais l’auteur invite à la prudence puisqu’un livre anglais la mentionne de son côté en 1733 et que les Belges prétendent qu’ils l’auraient inventée à Namur au XVIIe siècle.
Diversité. Du recueil de conseils de «La cuisine assiégée» sorti pendant le siège de Paris en 1870 au très rare livre de recettes italiennes de Sophia Loren, du célèbre suicide de Vatel privé de poissons de mer aux Mémoires du Suisse Anton Mosimann, Wibaut s’amuse et nous amuse autant qu’il nous instruit. Une belle nourriture de l’âme.
Photos: Couvertures: Éditions 41 Photo de l’auteur: May Yang Photo de la librairie: Henri-Daniel Wibaut