Texte: David Moginier
Boule d’énergie. Il a une énergie concentrée qui le fait parler à toute vitesse, qui le fait s’agiter quand il photographie les plats ou les modèles pour les pages mode de magazines. Mais cette énergie le fait aussi poursuivre des projets un peu fous. Dominique Derisbourg a autoédité son propre livre, «Mes petites recettes», comme les cuisiniers avec qui il travaille. Il faut dire que le garçon a de la suite dans les idées de l’édition. Celui qui a shooté les livres de Didier de Courten, d’Etienne Krebs ou du boulanger de Bread Store, le MOF Thomas Marie, a pris l’habitude de réaliser des petits bouquins un peu œuvre d’art, sur des textes de ses amis écrivains. Il s’était aussi beaucoup investi pour «La madeleine du chef», photographiant 50 chefs romands renommés et leur plat fétiche, style madeleine de Proust. Damien Germanier y livrait son poulet du dimanche, Franck Giovannini sa raviole de haricots verts. Il est en train de faire de même avec 90 chefs français, de Pierre Gagnaire à Régis Marcon, d’Arnaud Donckele à Guy Savoy. Et il faut de l’insistance et du réseautage pour aller déranger ces chefs stars en cuisine, les faire pose torse nu en noir et blanc, avant de réaliser leur plat. Après quatre ans de travail, il touche au but.
Éloge de la simplicité. Mais son actualité, c’est bien ce joli album carré aux pages plastifiées pour résister aux taches. Cinquante recettes toutes simples – «on trouve tous les ingrédients à la Migros», promet-il. Des préparations qu’il a inventées, adaptées, certaines inspirées par ses amis chefs, beaucoup de légumes, surtout des plats qui mettent en valeur le produit principal dans un décor enchanteur, après tout, l’auteur est photographe, non? Son cabillaud au laurier est hommage à Gérard Rabaey, ses Saint-Jacques guignent du côté de Marc Meurin, sa mousse au chocolat s’inspire d’Emmanuel Renaut qui donnait des recettes sur Instagram pendant le confinement. Et l’admiration sans borne pour la simplicité de Michel Bras le pousse à réaliser son propre Gargouillou, le bougre!
Testeuse de choc. «Simple, bon et beau», promet la couverture. C’est vrai. D’autant plus que les recettes ont toutes été validées par l’épouse de Dominique, qui n’y connaît rien et qui était donc garante de la compréhension des étapes. Le tout s’accompagne de petits conseils sympas, glânés chez les chefs ou non. Isabelle Bratschi, qui en signe la préface, s’émerveille que le photographe ose inviter chez lui les grands cuisiniers sans stresser. Mais on sait bien que ces derniers n’aiment rien mieux que la simplicité et l’honnêteté. La cuisine de Dominique est en pétrie, à l’image de la gentillesse du personnage. Quand il ne vous poursuit pas de sa quête passionnée de vous prendre en photo. Vous ne risquez rien, vous n’êtes pas chef…
>> «Mes petites recettes», Dominique Derisbourg, 112 p. Disponible uniquement sur www.dominiquederisbourg.com