Texte: Sofia Lafaye
Sarah Bernhardt, une égérie. Quel est le lien entre Matthias Giroud co-fondateur de L’Alchimiste, une entité créatrice de cocktails uniques et captifs, et Sarah Bernhardt, tragédienne, peintre et sculptrice iconique du IIIème Empire? En hommage à la deuxième, le premier vient de créer six cocktails à déguster au Grand Hôtel dont Sarah était une habituée. Le tout en prolongement d’une exposition Sarah Bernhardt, La Femme Créa la Star en cours au Petit Palais jusqu’à fin août. (Grande photo ci-dessus: Matthias Giroud, co-fondateur de L’Alchimiste)
Matthias Giroud, L’Alchimiste. Depuis son adolescence, Matthias Giroud se dédie à un univers connexe aux parfums, aux fleurs, à la mixologie. Il envisage cette dernière en exploration et éternel renouveau. A l’image de Sarah Bernhardt il défend l’idée d’engagement sans concession, de libre expression. Il a ainsi élaboré une collection de cocktails sur-mesure.
Des Cocktails Haute-Couture. Les six cocktails fascinent par leur recherche, l’exquis de leurs saveurs. Ils se subdivisent en un tiers sans Alcoohol, un tiers Low Alcoohol, un tiers au dosage alcoolique classique. Chacun d’entre eux est présenté en carafe de cristal ciselé, servi dans des verres à profil similaire, rappelant les flacons de parfums. Afin de parfaire l’expérience, un spray d’une autre fragrance est vaporisé autour du verre avant la dégustation. Celle-ci devient une immersion en territoire inconnu.
Du Grand Hôtel au Petit-Palais. L’Intercontinental Paris Le Grand (le nom actuel du Grand Hôtel de Sarah Bernhardt) a été inauguré le 5 mai 1862 par l’Impératrice Eugénie elle-même. Immédiatement, il captive les têtes couronnées et les artistes de talent. Victor Hugo y ordonne des banquets, Oscar Wilde, Marcel Proust, Serge de Diagilev et d’autres précurseurs de l’époque le fréquentent en délectation. Sarah Bernhard y côtoye Guerlain, Escoffier, Victor Hugo, en amitié. Son portrait interprété par Clairin trône dans le hall d’entrée, faisant écho aux 400 œuvres actuellement exposées au Petit-Palais.
Dégustation: Divine ou Rosine? Parmi les cocktails à déguster à l’Intercotinental, en voici deux. Divine, le plus célèbre des surnoms de Sarah Bernhardt, encapsule du champagne, rappelant son rôle d’égérie pour la Maison de champagne Mercier. En bouche, l’élégance prévaut. Entre le floral des fleurs de sureaux, le voluptueux du Lillet infusé à la feuille de vigne rouge, la fraicheur du verjus, l’instant est précieux. Le spray aux feuilles de cassis renforce le lien avec la région du chardonay en subtilité. Puis ensuite? Il y a Rosine, en écho à l’un des prénoms de Sarah et au parfum crée par Jacques Guerlain à son intention: la bergamote initie une fraicheur délicate, le rhum en connexion avec le rooibos induit une certaine sensualité. Le spray de lavande confère à l’ensemble des accents terriens en contrapposto. Les autres propositions, Voix D’Or, surnom attribué par Victor Hugo, Fortuny, Belle Ile, Florissant dévoilent pas à pas des signatures pareillement talentueuses, succulentes.