Roi du pop-up. Walter El Nagar, aussi surnommé «Mad Chef», est un cuisinier multiculturel aux origines voyageuses, égyptiennes et italiennes. Passionné et autodidacte, il se lance dans la restauration en 2008 avec un premier succès aux Etats-Unis, avant d’exporter son concept à travers le monde. En Romandie, on l’a découvert au Fiskebar du Ritz-Carlton Hôtel de la Paix: premier coup de cœur pour ce chef créatif et exigeant. Puis il a remis ça avec le lancement du très branché Susuru, un bar à ramen du quartier du Stand qui depuis ne désemplit plus, avant d’enchaîner avec Polp-up, une petite arcade estivale aux inspirations street food.
Atypique et engagé. C’est au Cinquième Jour que Walter El Nagar avait révélé tout son talent avec un concept atypique et socialement engagé: ce mini-restaurant de 12 places, installé autour d’un bar, proposait un service les quatre premiers jours de la semaine et offrait, le cinquième jour, les mêmes menus à des personnes dans la précarité. Malgré l’obtention de15/20 au GaultMillau et une nomination au Forum des 100 en 2019, le restaurant a fermé fin janvier 2020, n’arrivant pas à concilier son fort engagement social et ses objectifs commerciaux.
Soupe populaire. Mais Walter n’a pas dit son dernier mot, et il revient avec la Fondazione MATER, mère en latin, hommage sa mamma, Rina, décédée l’an dernier, et dont l’absence soudaine lui a fait comprendre qu’il faut prendre le temps de s’occuper de ce qui compte. Cette fondation à but non lucratif est menée par le chef lui-même, toujours accompagné des bénévoles qui l’avaient déjà soutenu au moment du Cinquième Jour et sans qui «tout cela serait impossible». Pour assurer sa pérennité, MATER est encore à la recherche de partenaires et de donateurs. Des discussions avec la ville de Genève et le canton sont d’ailleurs en cours à ce propos. Cette soupe populaire 2.0 poursuit la démarche lancée au Cinquième Jour, mais, cette fois, c’est cinq jours par semaine qu’elle offrira des repas aux plus démunis. Les deux soirs restants, MATER se transformera en restaurant expérimental, avec une cuisine dans le style unique que nous a fait découvrir Walter El Nagar. La Fondazione est encore à la recherche du lieu parfait pour son lancement, qui alliera soupe populaire et laboratoire gastronomique. A terme, MATER espère proposer des modules de formation professionnelle et/ou de réinsertion aux jeunes.
On commence cette semaine. En attendant de s’installer définitivement, le chef avait déjà proposé le 2 mars à quelques chanceux un avant-goût de son concept au Café la Réplique. Ses autres pop-up, prévus à Hongkong ou à Londres, ont quant à eux été repoussés pour cause de Covid-19. Dès ce mardi cependant et jusqu’au 9 mai, le chef et son équipe proposeront une soupe populaire éphémère en collaboration avec l’Armée du Salut et l’Union maraîchère genevoise à l’hôtel Bel’Espérance. Aux côtés de Walter El Nagar pour l’occasion: Tamara Hussian, la nouvelle cheffe prometteuse du Bleu Nuit, Francesco Ibba (La Bottega, 16/20), Luca Ragnelli (le Décanteur) ou encore Laurent Gregoire (Bains de Paquis). Une belle union pour une bonne cause. Bravo à eux.
Où: Hotel Bel'Espérance, Rue de la vallée 1, 1204 Genève
Bénévoles et mécène pour les ingrédients: Association "Serve the City"
Producteurs: Union maraîchère Genevoise, MOGA, Pacovis
Chefs:
Laurent Gregoire, Bains de Paquis – Mardi 5
Tamara Hussian, Blue Nuit- Mercredi 6
Luca Ragnelli, Le Decanteur- Jeudi 7
Francesco Ibba, La Bottega– Vendredi 8
Walter el Nagar, MATER – Samedi 9
Soutiens:
Sandro Mitri, Eatme
Ian Schreffler, La Réplique
Margot McAdams