Depuis le XVe siècle. Dans une paisible ruelle pentue du vieux Chexbres, le Champ de Clos regarde le Léman depuis quatre cents ans. Mais la famille Conne, elle, pratique la viticulture en Lavaux, aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’Unesco, depuis le XVe siècle! Face à un panorama sublime, la maison aux volets verts et à l’imposante enseigne de fer forgé abrite un caveau aux tonneaux hors d’âge. C’est là que Christelle Conne, nouvellement élue au comité de l’Office des vins vaudois, reçoit ses visiteurs.
Fédérer les régions. Souriante, ouverte, dynamique, la viticultrice de 40 ans, mère de deux enfants de 5 et 2 ans, a repris le domaine familial en 2013. Un défi dans un monde d’hommes pour une femme qui ne se dit pas féministe, mais qui sait où elle veut aller. Même si, au départ, la viticulture n’était pas son projet: «C’est en voyageant que j’ai réalisé le patrimoine exceptionnel que représente cet héritage. Alors ça m’a pris aux tripes et je me suis lancée.» Mais pas sans bousculer un peu les habitudes de la maison. En changeant les étiquettes qui affichent à présent une sobre et élégante modernité. En développant l’œnotourisme, aussi: le caveau peut accueillir 50 personnes pour des repas ou des fêtes, et la paysage est merveilleux. Alors ajouter à tout cela un investissement pour l’Office des vins vaudois est-il bien nécessaire? Christelle en est persuadés. Elle se lance avec l’espoir de fédérer encore plus efficacement les différentes régions du canton: «Ce qui m’importe, c’est le vin vaudois dans son ensemble. Il mérite de retrouver sa place sur la table et dans le cœur des consommateurs.»
Priorités. A la vigne aussi, Christelle a imprimé de nouvelles priorités. Et ça, dans les trois vignobles du domaine, principalement sis en Lavaux, mais aussi dans le Chablais et à Bonvillars: «Nous ne sommes pas bios, mais nous favorisons l’enherbement et avançons en accord avec l’environnement. Et puis, ce qui m’importe, c’est de valoriser le caractère de chaque terroir de notre domaine.» Soit le chasselas en Lavaux, le pinot noir au pied du Jura et, en plus du chasselas (qui représente 60% de la production de l’ensemble du domaine), des cépages comme le viognier à Ollon. Des crus que les plus chanceux dégustent dans la capite de Saint-Saphorin. Un lieu de rêve pour des vins qui ne le sont pas moins.
En cave: Côté rouge, le pinot noir côtoie le gamaret, le garanoir, un galotta encore en développement et du merlot ainsi que de l’ancellotta pour les assemblages. Côté blanc, le chasselas domine. Mais gewurztraminer, chardonnay, viognier et sauvignon (en liquoreux) font aussi partie de la gamme.
«Coup de cœur» Un chasselas de Chardonne au nom historique, Leurs Excellences de Berne, et dont l’étiquette reproduit le parchemin d’époque attestant que la parcelle leur appartenait.
Le choix des chefs: Le Beau-Rivage Palace propose le chardonnay de Chardonne. Puis on trouve les vins du domaine chez Marie Robert (Café Suisse, Bex, 16/20), et à l’Hôtel de la Paix à Lausanne, notamment.
Accord mets-vin: Avec Le Sémillant, un chasselas de Saint-Saphorin, Christelle Conne conseille les poissons du lac, des viandes blanches ou, pourquoi pas, un vieux gruyère.