Photos: Dominique Derisbourg et Gionibek Kudaibergen
Le premier conservatoire mondial du chasselas a ouvert il y a dix ans à Rivaz, grâce à Louis-Philippe Bovard et en collaboration avec la Station de recherches Agroscope à Pully. Lieu d’étude et de découverte pour le public de ce cépage centenaire, il a depuis beaucoup intéressé Raymond Paccot et sa fille Laura, du domaine de la Colombe à Féchy. Ils y travaillent depuis quelques années, toujours en liens étroits avec l’Agroscope. Rencontre avec Laura, jeune vigneronne pétillante et attachée à la culture du pays.
Il existe déjà un conservatoire mondial du chasselas à Rivaz. Pourquoi en créer un second?
Il y a trois raisons à la création de ce deuxième conservatoire. Premièrement, les climats ne sont pas les mêmes entre Lavaux et la Côte, donc les terroirs de chacune des deux régions seront d’autant plus mis en avant si l’on peut les mettre en perspective l’un de l’autre. Deuxièmement, les vignes sont cultivées différemment des deux côtés: Louis-Philippe Bovard travaille en culture raisonnée, et nous en biodynamie. Cela peut aussi avoir des conséquences, dont on se réjouit de voir les potentiels résultats! Mais attention, l’idée n’est pas de comparer, mais d’en savoir plus sur ce cépage dont découlent des centaines de types différents.
Vous parliez de trois raisons…
Oui, la troisième est notre volonté de mettre en avant le chasselas! C’est un cépage qui a selon moi un énorme potentiel, mais qui est malheureusement trop peu valorisé… On le boit facilement à l’apéro, sans faire vraiment attention à ses typicités, mais c’est dommage: il y a tant de belles possibilités avec ce cépage!
Des typicités qui se déclinent par dizaines à la Station Agroscope de Pully. Vous ne pouvez tout de même pas toutes les planter à Féchy, si?
Ce serait difficile, effectivement! En fait, nous avons analysé différents types de chasselas durant trois ans, et en avons ensuite sélectionné puis planté 19 (sur les 381 qui se trouvent à Pully) au lieu-dit Petit-Clos. Mais seuls cinq vont être vinifiés: fendant roux, fendant vert, giclet, à bois rouges et blanchette. Les quatorze autres, plantés sur une petite ligne chacun, étant surtout là pour la partie didactique, afin de montrer au public les différences qu’il peut y avoir entre les types de chasselas.
Première vinification cette année donc, mais avez-vous des attentes pour ces prochaines années concernant ces cinq types de chasselas?
Il faudra déjà attendre deux ou trois ans avant d’avoir des résultats en termes de vin, mais il n’y a pas trop de risques que ça ne se passe pas bien. Ça reste quand même du chasselas! Mais les essais et résultats des prochaines années nous permettront surtout de nous améliorer de plus en plus et de comprendre les détails de chaque type. Et cela pourra aussi aider tous les vignerons qui le souhaitent, bienvenus au Conservatoire!