Chaque samedi de l'été, un chef nous raconte une anecdote de carrière. Drôle, éprouvante ou triste, mais toujours sincère! Retrouvez ici les anecdotes de Romain PaillereauFranck ReynaudBenoît Carcenat et Marie Robert. Découvrez aussi celle du responsable du GaultMillau romand, Knut Schwander.
Pour ce sixième épisode, découvrons celle de Carlo Crisci, ancien chef du Cerf (18/20, Cossonay), devenu La Fleur de Sel avec Romain Dercile (17/20, membre des Grandes Tables de Suisse).

«C'est une blague?» «Lorsque je travaillais encore en cuisine, au Cerf, il m'arrivait de temps en temps d'aller boire un verre au bistrot voisin à la fin du service. C'était le cas ce soir-là. J'étais en pause depuis un petit quart d'heure quand mon téléphone a sonné. Au bout du fil, un des cuisiniers du restaurant était affolé: «Venez vite, chef, il y a une bagarre au Cerf!». Comment ça, une bagarre? Ça n'arrive jamais, ce n'est pas possible, me suis-je dit. Je croyais à une blague de leur part, alors j'ai fini ma bière tranquillement et me suis rendu au restaurant. Quand je suis arrivé au coin de la rue du Temple, je n'en croyais pas mes yeux.

Carlo Crisci,restaurant l Fleur de Sel à Cossonay ici avec son second Romain Dercile

Carlo Crisci avec Romain Dercile: une belle image de passation, prise lorsque ce dernier reprenait l'établissement de Cossonay, en 2020.

Carlo Crisci

Carlo Crisci, un homme au rire franc et à la bonne humeur contagieuse.

 

«Je vais appeler la police!» Plusieurs personnes étaient devant la porte du Cerf, un homme avait le pantalon déchiré, une femme présentait une écharpe en cachemire complètement maculée de ce qui semblait être du vin, des insultes explosaient... Me voyant arriver, l'un m'a crié «Vous acceptez vraiment n'importe qui dans votre restaurant, c'est inadmissible!» Je me suis approché et ai demandé calmement ce qu'il se passait. Un autre m'a répondu: «Je m'en vais tout de suite, et vu la situation, je ne paierai pas!». Je l'ai arrêté et lui ai répondu qu'il ne partira pas, que je voulais comprendre ce qu'il s'était passé. J'ai essayé de les calmer en leur disant que si la situation ne se calmait pas, j'appellerais la police. Aucun effet... alors, je me suis rendu dans mon bureau pour composer le 117, mais entre temps, mon maître d'hôtel a réussi à gérer la situation et m'a expliqué ce qu'il s'était passé.

La Fleur de Sel Cossonay Romain Dercile Carlo Crisci

C'est dans la rue du Temple de Cossonay que s'est déroulée cette rixe entre clients, il y a de ça bien longtemps.

Deux habitués traumatisent un jeune couple. Un jeune homme et sa compagne avaient réservé ce soir-là. À côté d'eux, deux couples d'habitués, un médecin et un avocat ainsi que leurs épouses, parlaient fort, riaient, bref, ils passaient un bon moment. Cela a d'abord déplu au jeune homme qui leur a demandé de faire moins de bruit, car il était là pour profiter de sa soirée avec sa conjointe et non pour écouter leurs histoires. Ils se sont un peu moqués de lui et ont continué encore plus fort. Cela a mis le jeune homme hors de lui, au point qu'il leur a lancé un verre de vin rouge dessus. Mais le vin a atterri sur les clients de la table d'à-côté qui n'avaient rien demandé! Ils en sont un peu tous venus aux mains, le personnel de service leur a demandé de se calmer et de sortir du restaurant, mais ils ont continué de plus belle... Tout s'est bien terminé, mais il a fallu deux ans pour que l'un des deux habitués revienne au Cerf. Il devait être dans ses petits souliers après ce qu'il s'était passé...»

 

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Photo: Claude Dussez, Julie de Tribolet, Pierre Vogel,