Alors c’est fait? Vous avez trouvé les repreneurs du Pont de Brent au-dessus de Montreux?
Oui, il y a quelque mois, vous aviez (le GaultMillau) déjà évoqué l’intérêt de Helena Collaud et Joeffrey Fraiche, qui étaient notés 16/20 à Avenches, pour le Pont de Brent. Depuis, nous nous sommes entendus: tout est signé, ils ont racheté le matériel de la faillite et, depuis la semaine passée, ils disposent des clés de la maison. À présent, c’est à eux de jouer!
À vos yeux, quel est le plus grand danger qui guette une telle entreprise?
Viser trop haut, trop vite. En engageant trop de personnel, en voulant sauter les étapes et en oubliant d’adapter l’offre au budget des clients d’aujourd’hui. Mais je suis confiant. Ce couple a su se faire un nom à Avenches et à mettre de côté de quoi investir aujourd’hui.
À votre avis, le contexte de la gastronomie a donc changé?
Oui, l’époque a changé. Le budget des consommateurs a évolué, majoritairement à la baisse. L’offre de restaurants de toutes sortes est plus large. Le chiffre d’affaires potentiel s’en trouve réduit. Et trouver, puis fidéliser du personnel qualifié n’est pas facile non plus.
Remettre le Pont de Brent n’a pourtant pas été si difficile?
Nous avions deux très bonnes candidatures. Et je suis persuadé que ce couple a tout en main pour bien faire. Ils ont les compétences, l’expérience, la vision et, à présent, une maison qui est en bon état. Et ils sont ambitieux: figurez-vous qu’ils avaient racheté le matériel avant même d’avoir signé la reprise. À mes yeux, c’est un engagement prometteur.
Pour vous, comme pour eux, cette reprise est donc une bonne nouvelle?
Oui! Eux, voulaient se rapprocher de l’arc lémanique et de la Riviera. Mais les autres lieux qu’ils ont visités ne leur ont pas convenu. De mon côté, je suis très attaché à cette maison et je souffrais de la voir vide et de devoir l’entretenir sans savoir ce qu’il allait en advenir. Surtout après tous ces rebondissements qui ont porté atteinte à ma santé et à mon moral. Mais nous nous sommes trouvés.
Pour vous, les dernières années ont été un crève-cœur?
Oui, même si, entre les mains des chefs successifs, le Pont de Brent est toujours resté une belle adresse de qualité, le Covid, les changements, la faillite – qui n’est pas encore réglée – tout ça m’a épuisé. D’autant plus que je suis un traitement médical fatiguant. À 77 ans, je voudrais enfin vivre une retraite plus paisible.
Donc, pour vous, le moment d’une paisible retraite est enfin arrivé?
Je l’espère. Même si je sais que je suis un bileux et que je reste toujours actif. Je garde en tête l’idée de vendre le Pont de Brent, car il arrive un moment où il faut tourner la page. Mais dans l’immédiat, je me réjouis de l’évolution de la situation et je continue à faire beaucoup de sport… J’ai ainsi fait 5000 kilomètres à vélo cette année.
Et savez-vous pour quand est prévue la réouverture?
Ça, je ne sais pas exactement. Mais, il me semble que c'est au début de l'année.