Photo: David Boraley
Chef, père et bien plus! «Voir le monde dans lequel mes deux enfants (4 et 6 ans) grandissent me fait peur. Si je peux aider à aller dans le bon sens, ce sera gagné pour moi», explique Benjamin Le Maguet, cuisinier dans le restaurant familial (sobrement dénommé Le Maguet) aux Evouettes (VS). Toujours souriant et de bonne humeur, Benjamin fait en effet partie des chefs très impliqués dans une réflexion environnementale de la cuisine. Formé notamment chez Mathieu Bruno au Là-Haut (16/20) à Chardonne, l’élégant chef décline la cuisine de ses parents, (très) familiale. La décoration plonge le visiteur quelques années en arrière, et on apprécie le gigantesque chariot de desserts présentant une quinzaine de gâteaux rustiques préparés par la maman: «Ici, nous cuisinons ensemble, en famille, et même si j’aimerais cuisiner mes plats, à ma manière, c’est la cuisine de mes parents qui fait l’âme de ce restaurant.» Mais en vue du Bocuse d’or, Benjamin développe une cuisine signature du XXIe siècle.
Un candidat… atypique. Une cuisine bien plus moderne, même! Pour la sélection suisse du Bocuse d’or, qui se déroulera le 15 novembre prochain à Genève, l’adepte de la cuisine scandinave et grand fan de René Redzepi (le chef du Noma à Copenhague, triplement étoilé et cinq fois meilleur restaurant du monde selon le classement World’s 50 Best) proposera une cuisine très «nature». «Je choisirai mes accompagnements exacts quelques jours avant…» Malgré trois autres candidats qui en voudront autant que lui, le jeune trentenaire aime pourtant le risque. L’objectif pour lui: gagner sa place pour la finale européenne l’année prochaine, avant de peut-être représenter le pays au Bocuse d’or monde en janvier 2023 à Lyon. Pas de quoi stresser, donc? «A quoi bon? J’ai tout à gagner, estime Benjamin. Et je souhaite vivre l’expérience au maximum, c’est pourquoi je m’essaie à plein de choses.»
Disons-le tout de suite, Benjamin Le Maguet a plusieurs idées en tête et les a déjà toutes testées dans le restaurant familial. «J’ai le squelette des plats ainsi que les légumes principaux, mais ce sera la terre qui décidera quels seront mes accompagnements secondaires.» Comprenez: le chef travaillera les produits qu’il trouvera dans les champs – dont il s’occupe avec des amis – les deux jours avant la finale. Pour l’instant, Benjamin teste sa sole, son pressé de potimarron et butternut, ainsi que son œuf de caille. Il hésite entre chou, poireau ou fenouil pour sublimer ses assiettes, et réfléchit encore à comment travailler le méthylon (légume ovale à épines, de la famille des concombres). Et si Benjamin venait à remporter le concours en novembre? «Il y aurait quelques changements aux Evouettes. A voir le moment venu…»
>> www.restaurant-le-maguet.ch