Une ambitieuse skieuse. Une framboise tombe dans son tiramisu tout juste terminé? Vite, elle la repêche avec les doigts et hop, dans la bouche, ni vu ni connu, non sans un petit sourire en coin malicieusement coupable… Elle, c’est Camille Rast, skieuse valaisanne de slalom, de géant et de talent. A 24 ans, celle qui a grandi à Vétroz et vit depuis quelques années sur les hauts de Sion avec ses parents est gourmande et l’assume: «J’aime finir un repas sur une note sucrée et j’avoue que je craque régulièrement pour des gâteaux ou des biscuits. Mais aussi pour des fruits.» Ne l’oublions pas, la fille de Marlène et Philippe Rast reste une sportive d’élite. Deux fois championne du monde junior et deux fois championne de Suisse, classée parmi les 30 meilleures coureuses mondiales en slalom et en géant l’hiver dernier, Camille vise le top 15 à la fin de la saison, qui démarre le 28 octobre à Sölden, en Autriche.
Vous prendrez bien un verre d’eau jaune? «Je me réjouis de Sölden! Pour le début de la saison bien sûr, mais aussi parce qu’on y mange les meilleurs Schnitzel-frites du monde!» se réjouit celle qui a le rire franc. Il faut dire qu’elle s’y connaît en spécialités locales, elle qui parcourt la planète chaque hiver. Andorre, Canada, Argentine, Finlande, Etats-Unis, Slovénie… Certaines destinations demandent un peu plus d’attention, comme l’Argentine, où Camille s’entraîne un mois chaque automne et où «l’eau qui sort du robinet est jaune», précise-t-elle avec un petit sourire… jaune. «Chaque pays a ses spécialités, mais il faut dire qu’en compétition on mange souvent des plats similaires», regrette-t-elle. La seule chose que l’on peut véritablement choisir est le petit-déjeuner… «Le menu varie beaucoup! Mais le petit-déjeuner est principalement protéiné, avec du fromage, du jambon ou parfois de la viande séchée que j’emporte avec moi.»
La cuisine du pair, Non. Celle du père, Oui! Cette passion pour la bonne chère, elle l’a reçue de son père. «Presque involontairement», disent-ils en chœur. «Lorsqu’elle était enfant, Camille bénéficiait d’une fille au pair, et bon… elle ne se donnait pas beaucoup de mal pour lui préparer à manger, s’explique-t-il. Alors j’ai décidé de prendre les choses en main et de rentrer midi et soir une demi-heure plus tôt afin de cuisiner pour ma fille et de prendre soin de son alimentation.» A cette époque, la virevoltante jeune fille pratique déjà une multitude de sports et a besoin d’une alimentation diversifiée et réfléchie. Ainsi, Philippe, dont la carrière de motocycliste se limite désormais à des courses d’enduro vintage et qui a motivé Camille à la compétition, se lance dans la préparation de plats mijotés, de poêlées de légumes ou encore de poissons au gril. Chez les Rast, «maman remplit le frigo et papa le vide, sourit leur fille. Mais il ne sait jamais ce qu’il y aura dedans! Elle achète les produits qu’elle aimerait manger sans savoir ce qu’il en fera, et lui les prépare sans les connaître à l’avance. Et c’est toujours réussi.» Sauf une fois, dont les deux femmes se souviennent bien, mais elles n’en diront pas plus…
Grillades et brunch dominical. La semaine, Camille vit à Neuchâtel, où elle s’entraîne et sort de temps en temps boire un verre au Waves, le bar de l’hôtel Beaulac qui domine le lac. L’été, elle organise des grillades sur sa terrasse et cuisine simplement et sans se prendre la tête, avec une seule règle: une nourriture de bonne qualité. Subséquemment, celle qui a profité de son dernier anniversaire, le 9 juillet, pour aller bruncher dans un alpage de la région de Thyon opte dès que possible pour des ingrédients locaux. Mais elle aimerait «aller plus souvent au marché»…
Les framboises du jardin… Cet amour des produits frais, Camille l’a développé avec feu sa grand-maman maternelle, qui possédait un spacieux potager où poussait notamment une belle quantité de framboises. «Il y en avait tellement qu’on en congelait des kilos entiers, se souvient l’athlète, avec les yeux qui brillent. Puis nous en sortions de temps en temps pour confectionner des gâteaux ou des tiramisus comme celui-ci. Automne, hiver, printemps, ces baies étaient toujours parfaites, car cueillies à maturité en plein été.» Ainsi sa recette de tiramisu transmise de mère en fille, qu’elle «pimpe» depuis quelques années avec de la liqueur de cassis. «C’est l’un des avantages d’être majeure...» A propos de fruits toujours, Marlène Rast se rappelle une anecdote touchante de Camille: «C’était un matin de printemps, il y a deux ou trois ans. Nous voyions depuis chez nous les chaufferettes allumées dans les champs pour tenter de sauver du gel les abricotiers en fleurs. Camille implorait les cieux en répétant: «Mes petits abricots, tenez bon!»
La cantine «Chez Didier» «Le restaurant gastronomique où je préfère m’attabler? C’était chez Didier (Didier de Courten, au Terminus, à Sierre, où il a longtemps affiché 19/20, ndlr), où je suis allée plusieurs fois. Mais il a fermé en avril dernier...» Reprenant son sourire, Camille Rast ajoute: «Il travaille désormais pour l’un de mes partenaires, les Remontées mécaniques de Grimentz-Zinal, alors c’est certain que je le reverrai!» Peut-être cet hiver dans le flambant neuf espace Weisshorn, entre deux descentes sur ses lattes?