Photo: Sedrik Nemeth
S’arrêter pour mieux sauter. «Je vais fermer mon restaurant le 1ᵉʳ mars de l’année prochaine. Ça me travaillait depuis un moment. Mais l’évolution de la situation économique, le statut précaire des chefs indépendants et les limites d’un bassin de clients potentiels restreint m’ont incité à faire le pas», nous a confié Damien Germanier, 45 ans, chef du restaurant sédunois qui porte son nom et membre des Jeunes restaurateurs. Ce matin, il a annoncé la nouvelle à son personnel. Une brigade de huit personnes qu’il espère avoir à nouveau à ses côtés pour le lancement dès la mi-mars de son nouveau projet de restaurant, plus simple et plus abordable.
La raison au service de la passion. «Je suis en cuisine depuis 30 ans. Mais aujourd’hui, pour vivre de sa passion et se faire plaisir, il faut faire les choses autrement et permettre aux clients de ne pas venir que les seuls jours de fêtes au prix d’un sacrifice financier réservé à une élite», affirme le chef. Pour réduire le ticket moyen, il va donc renoncer à une certaine vision de la cuisine: «C’est pour ça que je vais ouvrir au même endroit un nouveau restaurant, avec une identité différente, un concept ciblé et un nouveau nom… qui n’est pas encore défini. Pour ma part, j’ai eu le loisir de nourrir mon égo. Je suis ravi de l’aventure passée, mais financièrement, il est temps de se montrer raisonnable.»
Un nouveau délire. Damien Germanier précise qu’il n’a pas l’intention de vendre des plats congelés et des coupes Danemark pour autant: «Nous allons continuer à faire notre pain nous-même, tout en nous positionnant dans un registre de restaurant simple et de qualité». Au menu, une carte courte et saisonnière, dans un endroit où le chef pourra servir des asperges mayonnaise, sans crainte d’être confronté à des attentes énormes générées par les cotations des guides, notamment: «En fait, crise de la quarantaine oblige, je veux pouvoir partir dans un nouveau délire.» En attendant, restent les repas de fin d’année, la Saint-Valentin et les deux soirs de clôture, les 28 février et premier mars. Les réservations sont ouvertes.