L’exemple. «C’était quelqu’un de formidable, un ami sincère. Et on est triste», affirme Frédy Girardet, compagnon de route de Monsieur Paul, décédé samedi 20 janvier. «Paul Bocuse a eu une vie pleine de bonheur et de réussite», ajoute celui qui avait fait de l’Hôtel de Ville de Crissier une table mondialement connue. «Moi, je n’ai joué qu’un rôle modeste. Mais lui était un phare. Et désormais, je me demande qui pourra donner cet exemple».
En 2007, Giovannini (à d.) est 3e au Bocuse d'Or, concours prestigieux, lancé en 1987 par Paul Bocuse (à g.).
Le communicateur. En effet, le chemin parcouru par Paul Bocuse, sans doute le chef le plus connu de tous les temps, est extraordinaire. «Cuisinier du siècle» pour le GaultMillau France et triplement étoilé au Michelin, le chef de Collonges, près de Lyon, a démultiplié les restaurants en France, mais aussi aux Etats-Unis et au Japon. Il a exporté la grande gastronomie française dans le monde entier. Et même si, avec le temps, son style de cuisine ne faisait plus l’unanimité, il a surtout marqué l’histoire des métiers de bouche grâce à son sens de la communication.
Juges du concours: Rochat, Rabaey et Girardet, en 2010 lors de la finale européenne du Bocuse d'Or.
Le mentor. Paul Bocuse a révélé les produits, il a insisté sur le respect que l’on doit aux producteurs. C’est lui, surtout, qui a fait sortir les cuisiniers en salle. «Quand j’étais apprenti, se souvient Frédy Girardet, on était presque gêné de dire que l’on apprenait ce métier». Grâce à Paul Bocuse, tout a changé. Les chefs sont devenus des stars. «Il n’a pas influencé ma cuisine directement, mais il a renforcé mon ambition. C’est lui qui m’a donné l’élan nécessaire pour oser aller plus loin, là où je voulais aller».
Paul Bocuse est né et mort dans la même commune: Collonges-au-Mont-d'Or, près de Lyon.
Le moteur. Généreux, respectueux, médiatique, Paul Bocuse s’est toujours engagé pour les jeunes cuisiniers: «Avec le Bocuse d’Or, le métier a gagné ses lettres de noblesse». Présidée par Frank Giovannini, la finale suisse de ce concours se tiendra justement ce lundi, à Genève, et révèlera le candidat qui représentera la Suisse au niveau européen: un challenge fantastique qui met en lumière la difficulté, mais aussi la vitalité de la gastronomie française.
Paul Bocuse en cuisine, dans son élément.
L’ami. Un style de gastronomie qui continue à s’épanouir en France, mais aussi en Suisse, où Frédy Girardet en a joué le chef de file. D’ailleurs, Paul Bocuse était le premier à le répéter: «Le meilleur, c’est Girardet». La gastronomie suisse peut aujourd’hui lui dire merci.
