L'excellence pendant 44 ans. Il y a des années dont on se souvient plus que les autres. Pour le chef Georges Blanc (82 ans, au centre sur la photo), 1981 et 2025 résonneront dans son esprit pendant encore longtemps. La première, car ce fut cette année-là qu'il se vit décerner une troisième étoile Michelin, en même temps que le titre de «Cuisinier de l'année» par GaultMillau. La seconde, car c'est en 2025 que le Guide Michelin lui retire, après 44 ans, son troisième macaron, a confirmé le directeur du Guide Rouge auprès de l'Agence France Presse, ce jeudi 20 mars.
Coup de tonnerre. L'annonce est un coup de tonnerre dans la gastronomie mondiale. Situé à Vonnas (Ain), à 1h30 de Genève, le restaurant Georges Blanc était bien connu des épicuriens romands, mais aussi du monde entier. On le voit sur son site posant en toute décontraction aux côtés des grands de ce monde, jusqu'à George Bush. C'est que ce chef a pour lui un des plus prestigieux pedigrees: trois étoiles donc, mais aussi 5 toques GaultMillau, soit une note comprise entre 19 et 19,5.
Le restaurant familial de Georges Blanc n'avait pas perdu une étoile depuis la première, obtenue par sa grand-mère en 1929.
Saint-Jacques, courge butternut et purée de châtaignes.
Longévité. Né en 1943 à Bourg-en-Bresse, Georges Blanc se prédestine à une carrière dans l'aviation. Mais issu d'une famille de grands chefs, il se fera bien vite rattraper par les casseroles. Sa grand-mère Elisa Blanc a même été surnommée «meilleure cuisinière du monde» par le gastronome Curnonsky. Étoilée Michelin en 1929, puis en 1932 et enfin en 1981, la maison familiale de Georges Blanc n'a jamais perdu une étoile jusqu'à ce jour - un record de longévité. «J'ai vécu plus longtemps avec trois étoiles que depuis ma naissance à l'arrivée de la troisième étoile», a-t-il rappelé à l'AFP.
«Disneyland de la gastronomie». En reprenant les rênes de l'auberge familiale en 1968, Georges Blanc réduit le beurre, la crème et propose des plats plus légers, plus modernes, avant-gardistes pour l'époque. Il monte également en gamme et se développe tous azimuts, propulsant le terroir bressan au firmament, notamment avec la poule gauloise blanche de Bresse, qu'il érige en plat signature. Apprenant la nouvelle, le chef a réagi: «On ne s’y attendait pas», a-t-il dit auprès de l'AFP. Aujourd'hui à la tête d'un empire d'une dizaine de restaurants et de plus de 300 salariés, le chef saura-t-il réagir? Son projet le plus large, mais aussi le plus critiqué: le «Village Blanc», village de 5 hectares en terre bressane, avec hôtels, restaurants, spas, et nombreuses boutiques gourmandes. Génie pour certains, «Disneyland de la gastronomie» pour d'autres, l'idée divise.
Photos: Restaurant Georges Blanc