Miracle à Montheron. «Les choses se sont enchaînées comme par miracle, constate Romano Hasenauer, le patron de l’Auberge de l’Abbaye de Montheron, aux portes de Lausanne. Je ne vous cache pas que j’ai passé par plusieurs stades, après avoir appris le souhait de Rafael Rodriguez de partir!». En presque 11 ans, le chef passé chez Sergi Arola, les frères Rocca, puis Denis Martin, a en effet placé la simple auberge sertie dans les bois du Jorat sur la carte de la grande gastronomie suisse. Qu’allait-il advenir de la maison sans lui? La question restait ouverte.
Une cheffe à la barre. Mais le hasard fait parfois bien les choses: alors que Romano se retrouve dans une réunion en face d’Alba Farnós Viñals, la cheffe catalane a passé par des grandes tables parisiennes (Astrance, 3 étoiles à Paris) et par LEGRAM, à Renens, lui lance: «Si, un jour, il y a une place de chef à Montheron, ça m’intéresse». Rien n’avait été communiqué sur les changements en cours, mais elle a bien fait de poser la question, puisque c’est elle qui reprendra les fourneaux de l’auberge dès le 15 janvier 2025.
Changement aussi en salle. En même temps que Rafael, son compagnon de route en salle et magicien des accords mets-vins, David Donneaud, rencontré chez Denis Martin, a aussi décidé de partir: «On a tous les deux la quarantaine, des familles, des enfants et le monde de l’hôtellerie est éprouvant», commente Rafael Rodriguez. Il compte donc commencer l’année 2025 en se consacrant à cet autre volet de sa vie: la famille. «De plus, voila 24 ans que David et moi travaillons ensemble avec passion, plaisir et succès, mais il est temps de penser à une nouvelle étape. Je n’ai pas de projet précis, car je tiens à faire face à l’imprévu». En même temps que son chef, l’auberge va donc perdre son visage en salle. Mais là aussi, le destin semble décidé à rendre la transition facile.
Continuité et cohérence. La catalane Alba n’arrive pas à Montheron seule. Comme à Renens, le britannique Paul Marsden sera à ses côtés, avec l’énergie positive qu’on lui connaît. En fait, tous deux rêvaient de reprendre cette adresse, leur table préférée dans la région: «Nous voulons encore accentuer le lien avec la forêt du Jorat et continuer de travailler avec les producteurs locaux, dans l’esprit Slow Food», poursuit Paul Marsden, attaché à cette philosophie, qui - encore un coup de pouce du destin! - permettra certainement à l’Abbaye de Montheron de poursuivre sur la lancée. Romano Hasenauer, en tous les cas, y croit: «Je suis ravi. C'est une belle perspective!»