Sacrilège? Blondel, c’est les Rosolios, ces cerises amarena nappées de chocolat et couvertes d’amandes effilées; c’est les truffes au caramel, irrésistibles, les chocolats en gros éclats irréguliers aussi, qui sont ici une spécialité depuis des temps où la concurrence ne vendait encore que de sages plaques rectangulaires. Bref, pour les amateurs de chocolat, Blondel est une référence absolue, depuis 1850. Mais pour les nostalgiques des magasins d’autrefois aussi: parce que la boutique de la rue de Bourg est un écrin de confiserie idéalisé, patiné, où la porte grince et où le parquet craque. Or, cet écrin vient de subir une rénovation en profondeur, la première depuis 1930: sacrilège?
Luc Polli, le propriétaire soucieux de faire vivre cette enseigne historique.
La boutique rénovée est élégante, même si elle a perdu un peu de son charme.
Bonne nouvelle! Comme les produits, d’une gourmandise absolue, la devanture d’autrefois est inchangée et pourrait continuer à servir au tournage d’une séquence où Harry Potter se rend dans une confiserie magique du chemin de Traverse. La porte grince: un bon point! Le parquet est magnifique, restauré avec soin, mais il ne craque plus: normal. Alors on lève la tête. L’écrin est beau, élégant, respectueux de son histoire, sous le regard d’Adrien Blondel dont le portrait trône au fond du magasin. Les boiseries ont été restaurées, les présentoirs aussi. Et, côté pratique, il faut bien admettre que la circulation est plus fluide, les produits mieux mis en valeur et que l’effet «propre» est plus en adéquation avec le troisième millénaire. Notamment grâce à une magnifique vitrine de laiton dépoli qui fait un élégant trait d’union entre passé et présent.
Le incomparable chocolats Blondel, ode à la gourmandise!
Bastien Thibault, le chocolatier de la maison depuis 2001.
Parfum d’Asie. Dans ces vitrines, pour célébrer le Blondel nouveau, six chocolats aux parfums d’Asie ont été créés en collaboration avec la Lausannoise Sooishi, le parfumeur Barnabé Fillion et le chocolatier de la maison Bastien Thibault. Comme ailleurs, chez les plus grands chefs notamment, l’Asie gastronomique devient incontournable, avec ses parfums extraordinaires dont l’Europe raffole, ses styles épurés aussi. Normal, donc, que ses saveurs complètent dès aujourd’hui l’offre de Blondel. Son idée de l’épure, elle, a dépoussiéré l’arcade de la rue de Bourg qui, du coup, affiche l’air propret des monuments historiques de Singapour. Mais, à son tour, ce décor se patinera.
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Blondel
Rue de Bourg 5
Lausanne
021 323 44 74
