Ils sont fous, ces Vaudois! En tout cas, ils sont entreprenants. Jean-Charles Estoppey, Titouan Briaux et Benoît Amsler ont décidé de conquérir New York avec un projet insolite et inédit: The Lavaux Swiss Wine & Fondue Bar (un bar à vin et à fondue, on l’aura deviné). «Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, le vignoble de Lavaux méritait bien une enseigne dans la Grande Pomme», explique Jean-Charles Estoppey, président de Terres de Lavaux. Depuis le 16 octobre, c’est chose faite. Et pas n’importe où, puisque c’est dans le très couru West Village que les trois associés ont trouvé le local idéal. Michel Rochat, président de l’Office des vins vaudois et directeur de l’Ecole hôtelière de Lausanne, est enthousiaste: «C’est une parfaite situation, près du départ de la High Line. On y prend donc de la hauteur! Et pour l’Office des vins vaudois, il s’agit d’un relais idéal qui servira les intérêts du canton et de la Suisse.»

 

Design évoquant Lavaux. C’est au 630 Hudson Street, en plein quartier bobo, que ça se passe. Dans une maison protégée par le service des monuments historiques, ce qui n’a pas facilité les démarches et les demandes de permis, le chantier vient de se terminer. «Après deux ans, ça ressemble enfin à un resto!» se réjouit Titouan Briaux, du Domaine Chaudet, à Rivaz, de retour de New York. En effet, la réalisation du projet s’était éternisée, la faute aux chicanes administratives, puis au Covid-19. Mais ça y est, le local fatigué s’est mué en un élégant espace au design sûr, de bois, de verre et de béton. Le bar est signé par l’architecte suisse Frédéric Levrat, professeur à Columbia. «C’est un décor très étudié pour évoquer les terrasses de Lavaux», explique Titouan Briaux, soulagé, par ailleurs, que le troisième larron de l’histoire, Benoît Amsler, né à Chexbres, diplômé de HEC Lausanne, mais établi à Brooklyn, ait pu veiller sur le chantier.

Lavaux NYC

Benoît Amsler (à gauche) et Titouan Briaux (à droite) ont décidé de conquérir New York avec un projet insolite et inédit: The Lavaux Swiss Wine & Fondue Bar.

Lavaux NYC

A l'intérieur, un télécabine en guise de table: sympa!

«Chasselas, what else?» En prolongement du bar à vin, où trône une télécabine rouge importée depuis la Suisse, on découvre les tables du resto où l’on mange des fondues, traditionnelles ou aromatisées à la tomate, aux champignons ou à la truffe. Elles sont signées Wyssmüller et arrivent sur place en meules entières, car importer des fromages râpés et mélangés est interdit par les réglementations étasuniennes… qui ne permettent pas non plus les réchauds à flamme (ils seront donc électriques), ni les salaisons importées. «Alors nous nous fournissons chez le boucher d’Union Square, qui produit d’excellents produits sur place, en plein Manhattan!» Puis il y a une bonne surprise: Covid-19 oblige, les deux tables de la terrasse initialement projetée se sont démultipliées. «Même si tout ferme à 22 heures et que les restrictions sont sévères (le nombre de places assises au restaurant est diminué presque de moitié), c’est une possibilité supplémentaire d’attirer les clients», se réjouissent les instigateurs de The Lavaux. Pour rassurer leurs clients méfiants devant un plat dans lequel tout le monde trempe sa fourchette, ils ont aussi acheté des caquelons individuels. Enfin, il y a les vins de Lavaux, évidemment. Seize au total, dont cinq chasselas. Ils sont servis au verre ou en bouteille, ou encore en «flight de dégustation». Après tout, comme le disait Michel Rochat devant un parterre de sommeliers et de journalistes new-yorkais il y a quelques mois: «Chasselas, what else?»