Terrasse paisible. Venir à l'hôtel Bella Tola en transports publics, malgré la situation reculée du petit village de St-Luc, c'est facile: il suffit de descendre à l'arrêt... «St-Luc, Bella Tola», et de traverser la route. On pénètre ensuite directement dans le très paisible jardin de l'hôtel construit en 1859. La façade d'époque, avec ses balcons mariant bois et fer forgé, est charmante, et la terrasse et son jardin soigné sont éclatants de verdure, et le mobilier moderne est confortable. Une scène hors du temps, qui scintille autant pour son décor que pour ses acteurs et actrices qui y jouent une partition bien rodée. À l'instar du nouveau chef de cuisine, Loup Limborg et de sa brigade. «C'était un défi de prendre la suite de Céline Guihéneuf, explique-t-il. J'aime les défis, alors j'ai accepté le poste avec plaisir!» Il tient aussi à préciser que «rien de ce que nous faisons ne serait possible sans toute l'équipe avec moi. Je tiens à la remercier et à la valoriser.»
(Grande photo ci-dessus: l'excellent dessert à la fraise du chef Loup Limborg, à d.)
Sur les traces de l'ancienne cheffe. «Je viens de Bretagne et me suis formé en cuisine là-bas, explique Loup Limborg. J'ai passé plusieurs années à voyager, faire des saisons et découvrir un peu plus le monde et les diverses gastronomies. Je suis arrivé dans le Val d'Anniviers il y a huit ans et ai petit à petit découvert les produits valaisans. J'aime mettre en avant ces derniers à travers ma cuisine.» On le découvre avec les deux premières entrées, qui arrivent rapidement: le sérac d'alpage façon stracciatella est onctueux, son coulis de tomates anciennes est frais et légèrement doux, et les copeaux de noisettes apportent un croquant bienvenu. Puis, le tartare de bœuf dévoile l'un des produits phares du chef: les algues. Ainsi, en plus des tomates confites, des pignons de pin et de la confiture de whisky, des wakamé se mêlent à la viande pour y apporter texture et une touche iodée. Une étonnante quenelle de lard fumé escorte le tartare, mélange de douceur et de salinité au goût de reviens-y.
Sublime plat principal. Amateur de poissons et de fruits de mer comme l'ancienne cheffe donc, Loup Limborg propose notamment un bar en croûte de sel, dont on aperçoit la découpe à une table voisine. Mais notre choix se porte sur le filet de bœuf au cassis et à la carotte. Un légume que l'on déguste rôti et parsemé d'un agréable mélange de panko et de poudre de carotte séchée, en gourmande purée, en gel acidulé de jus de carotte et enfin, en chips. La viande, un peu trop cuite, se drape dans une sauce au cassis et un jus à la mélisse agréablement gras. Un plat tout en équilibre, à l'image du dessert qui le suit. Déposée sur une sorte de baba bien imbibé, une ganache montée à la fève tonka répond en rondeur à une compotée de rhubarbe intense en fruit et acidulée. Mais l'élément central reste la fraise, que l'on trouve fraîche et en sorbet. Une arlette croustillante complète un dessert peu sucré dans l'ensemble. Loup Limborg conclut en précisant que sa carte devrait changer fin août, pour gentiment entamer la période de la chasse. Et il sait être attendu...