Photo: Blaise Kormann
Girardet honoré. «S’il y en a un qui le mérite, c’est bien lui!» lance Franck Giovannini, membre du jury du premier Mérite culinaire suisse. Lui, c’est Frédy Girardet, à qui le conseiller fédéral et vice-président de la Confédération Guy Parmelin vient de remettre le Mérite d’honneur lors d’une cérémonie réunissant un nombre éblouissant de toques et d’étoiles au Bellevue Palace à Berne.
Pour les jeunes. «C’est une belle valorisation pour la profession et c’est un signal encourageant pour les jeunes», commente Frédy Girardet, 84 ans. Pour les jeunes? Oui, car à côté du «Cuisinier du siècle», seul à avoir obtenu 19,5/20 en Suisse, les autres lauréats font partie des étoiles montantes de la gastronomie helvétique. Ils sont quatre, une femme et trois hommes, tous repérés très tôt par le GaultMillau: Bernadette Lisibach (Neue Blumenau, Lömmenschwil, SG, 16/20), «Cuisinière de l’année» en 2015, Mathieu Bruno (Là-Haut, Chardonne, VD, 16/20), «Découverte de l’année» en 2015, Stéphane Décotterd (Le Pont de Brent, VD, 18/20), cinquième place mondiale au Bocuse d’or en 2009, et Ale Mordasini (Krone, Regensberg, ZH, 15/20), «Cuisinier d’or» en 2019. Des talents à la fois confirmés et prometteurs « qui reflètent la diversité et la vitalité de la nouvelle génération de chefs » se réjouit André Jaeger, Président du Jury, lui-même 19/20 à la retraite (Fischerzunft, Schaffhouse) .
Seulement quatre? Aux yeux de Frédy Girardet, plusieurs confrères de sa génération auraient mérité d’être honorés. «Ce n’est que la première année», insiste Josef Zisyadis, directeur de la Fondation pour la promotion du goût et instigateur de tout ce projet. «Désormais, il y aura chaque année quatre lauréats en exercice et, suivant les cas, un cinquième au profil différent.» Ce dernier pourrait être actif à l’étranger, ou alors distingué pour son rôle dans le développement de la gastronomie suisse dans le passé ou dans un registre bien particulier.
Distinction suprême. «Cette distinction honorifique doit rester rare», poursuit Josef Zisyadis. En effet, sans chercher à concurrencer le titre de Meilleur Ouvrier de France, attribué sur concours, il veut s’imposer comme la distinction suprême visant à promouvoir la gastronomie helvétique au niveau national et international. «Il est d’autant plus important qu’elle soit décernée par le Conseil fédéral», ajoute Josef Zisyadis. Pour choisir les lauréats, un jury constitué de six cuisiniers et de cinq journalistes spécialisés a délibéré. «Pour ce premier exercice, le jury a opté pour de jeunes talents. A l’avenir, il faudra y intégrer aussi les grands noms d’aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, c’est un bon projet et je lui souhaite un bel avenir.» Et Frédy Girardet de conclure: «On peut dire merci à Monsieur Zisyadis!»