Un duo qui court le monde. En arrivant sur la page Instagram du nouveau restaurant lausannois Maza, ouvert le 24 janvier dernier à la Rue Marterey, on s'est perdus dans sa bio: «Cuisine de partage aux inspirations européennes, chinoises et égyptiennes». Avec une telle largeur de définition, les mélanges possibles sont aussi nombreux qu'improbables… voire peuvent friser l'absurde. Portés par la curiosité, nous nous sommes toutefois rendus à ce qui est le premier établissement de Robin et Julien Burnier. Originaire de Chine, la première a rencontré le second, helvético-égyptien, au… Japon, lors de l'ouverture du Park Hyatt à Niseko, sur l'île de Hokkaido dans le nord du pays.
Maximum 25-30 couverts par service: Maza se veut intimiste et feutré.
Superbes rouleaux de printemps. Présentée comme «la table du partage», Maza affiche une formule en trois plats à midi (39 francs) ainsi qu'une carte, qui revient le soir greffée d'un menu en sept plats à 75 francs. Sur la table, les petites assiettes (comprenant toujours quatre portions) se succèdent en un ballet épicé aux saveurs contrastées. Outre le fait de partager les plats, on peine à définir le fil rouge culinaire du lieu. Mais on se régale d'une cuisine simple et bien faite: les rouleaux de printemps à l'épaule d'agneau, cumin et harissa au yaourt (sic), les ravioles aux légumes de saison et leur incroyable sauce crémée au soja, zestes de citron et huile pimentée, le - chiche mais excellent - tartare de daurade sur sa chips d'herbes, ou encore la salade César en boules croustillantes et espuma de parmesan.
Les ravioles aux légumes, servis avec une sublime sauce crémée.
Au centre, les rouleaux de printemps à l'épaule d'agneau, proposés avec une sauce… piquante et affirmée.
Une cuisine d'amateurs passionnés. «Ce projet trotte dans nos têtes depuis plusieurs années, glisse Julien Burnier. Robin et moi trouvons qu'entrée, plat, dessert, c'est un peu triste. En tant que clients, nous apprécions de pouvoir goûter de tout à table. Alors, nous avons créé des recettes dans ce sens, et avons engagé un chef aux fourneaux.» Il faut dire que ni elle ni lui ne sont cuisiniers de formation, simplement des hôteliers passionnés de cuisine.
Les habitués de Zooburger ne reconnaîtront le lieu qu'à moitié: Robin et Julien ont pris un mois pour tout refaire, du sol au plafond.
Y reviendrons-nous? Dans ce restaurant de poche, les convives se laissent aller à la fête, on voit çà et là des visages heureux et des verres trinquer. Table bobo par excellence, Maza deviendrait-elle le nouveau spot à ne pas manquer dans la capitale vaudoise? Pour ce tataki de rumsteak de bœuf aux carottes et gingembre, oui. Pour croquer dans un agréable mais peu aérien cheesecake au yuzu, ou dans un bon «gâteau invisible» aux pommes peu sucré, pourquoi pas. L'idée d'un restaurant de partage aux influences orientales et asiatiques plaît, elle sort d'un certain conformisme culinaire lausannois. Mais il faudra revenir au printemps pour s'en convaincre totalement.
Photos: Restaurant Maza