Photos: Ellin Anderegg (titre) et Lena Ka
Théâtre de grands moments gastronomiques et scène de deux excellents chefs, mais vide depuis l’automne passé, le Pont de Brent nous en a fait voir de (presque) toutes les couleurs. Mais aujourd’hui, c’est Amandine Pivault et Antoine Gonnet, actuellement au 42 (16/20) à Champéry, qui annoncent reprendre le restaurant, devenu une institution sous Gérard Rabaey (19 points et trois étoiles à son apogée) puis Stéphane Décotterd (18 points et deux étoiles à son départ). Un souffle nouveau pour relancer une adresse emblématique.
Amandine Pivault, Antoine Gonnet, en juin prochain, vous reprendrez le Pont de Brent. Pourquoi vous lancer dans cette aventure?
Antoine: Et pourquoi pas? Plus sérieusement, quelque temps après l’annonce du départ de Stéphane Décotterd, nous nous sommes mis à rêver d’y aller, mais sans oser contacter qui que ce soit. Lorsque l’on est venus vers nous, c’est là que tout a vraiment commencé. Et lors de la visite, nous avons eu un gros coup de cœur, dans ce lieu à taille humaine. Maintenant que tout est signé, nous pouvons nous projeter sur la suite.
Vous ne reprenez pas un simple restaurant, mais une véritable institution. Est-ce que cela vous fait peur?
Amandine: Avoir peur, non, la pression, oui (rires)! On ne pourra évidemment pas éviter les comparaisons avec Stéphane Décotterd ou Gérard Rabaey, mais nous venons avec notre cuisine, notre style et nos idées. Nous sommes toutefois conscients de ce que représente ce lieu emblématique et nous respecterons évidemment son histoire.
Antoine: C’est vrai que nous entrons dans une adresse mythique. Lorsque je travaillais encore en France, c’était l’un des très rares établissements dont j’entendais parler! Mais nous sommes ambitieux et souhaitons évoluer. Cela passe par une sorte de cassure, de renouveau.
Justement, vous parlez d’ambition: selon vous, ce déménagement vous permettra-t-il d’aller plus loin?
Antoine: Clairement! Ici, à Champéry, nous sommes restreints par l’espace. J’ai beaucoup d’idées, mais mes assiettes ne sont pas abouties: il me manque toujours deux ou trois choses que je ne peux pas réaliser, faute de place et de temps, car nous ne sommes que deux en cuisine. Je ne compte pas changer mon style de cuisine, mais aller plus loin pour vraiment me faire plaisir et espérer des points et une étoile en plus.
Amandine: C’est frustrant, effectivement. Nous prévoyons des aménagements en salle et en cuisine, et engagerons plusieurs personnes. L’objectif est de maintenir cet esprit familial que nous avons créé au 42, tout en augmentant encore la qualité.
Vous préparez donc une ouverture en fanfare?
Amandine: Oui et non (rires). Oui, car l’intégralité de l’art de la table va changer ainsi que la décoration des salles. Et non, car certains investissements demandent du temps, donc tout ne sera pas réalisé immédiatement. Pour certaines choses, c’est aussi une volonté de ma part de garder le suspense et de dévoiler des nouveautés petit à petit...