Chef emblématique. Son élocution est celle de l’homme de droit qu’il serait, s’il avait suivi les conseils de son père. La noblesse de son accent neuchâtelois indique une fierté de sa région et une authenticité que l’on retrouve autant dans le décor de son restaurant que dans les assiettes graphiques qui y sont servies. Oui, le Bocca reflète le caractère de Claude Frôté, l’homme qui l’a imaginé. Stylé, coloré, élégant et agrémenté d'œuvres d’art authentiques, le Bocca incarne la grande gastronomie neuchâteloise depuis 36 ans, avec à la fois ce sens de la tradition et cet anti-conformisme visionnaire qui rendent un restaurant et sa cuisine vivants et pertinents. Le Bocca est un emblème.
Transmission d’émotions. Depuis 36 ans, au Bocca, chaque repas est une fête des sens, une rencontre et un moment de partage d’émotions. Pendant la Covid, le vaillant Claude Frôté s’est battu en leader pour ses collaborateurs et pour sa branche. Tout comme il a défendu depuis toujours la transmission des compétences, la formation des jeunes et la pertinence de chaque plat servi dans son restaurant. «Mais là, j’ai trouvé le repreneur courageux, compétent et volontaire qui permettra au Bocca d’entamer une nouvelle étape. Alors je me suis dit qu’il fallait savoir tourner la page au bon moment. Et je suis persuadé que ce moment est arrivé. D’ailleurs mon successeur a un gros avantage sur moi: il a vingt-cinq ans de moins!» lance Claude Frôté, 66 ans, très ému, certes, mais pas au point d’en perdre son humour, “Il reprend toute l’équipe ce qui assure une pérennité à ce restaurant». Mais qui donc est ce chef qui a su convaincre Claude Frôté?
Et le repreneur est… Alexandre Luquet. Il a 44 ans et il n’est pas inconnu des lecteurs du GaultMillau, puisque ce chef originaire de St-Etienne en France, fan de Pierre Gagnaire, formé chez Pierre Orsi à Lyon, puis Denis Martin, Carlo Crisci et Jean-Sébastien Ribette, a tenu pendant près de dix ans la Pinte Communale d’Aigle, où il a obtenu 15 points. Ambitieux, il s’était mis en quête d’un établissement répondant à ses projets: le Bocca? A l’évidence Alexandre et Claude se sont trouvés, ils se sont entendus et, après de longues négociations, au début de l’été tout semblait réglé. Le 31 juillet passé, Alexandre a donc quitté Aigle, espérant reprendre le Bocca début novembre. Quelques tracasseries administratives et bancaires plus tard, la vente a été signée aujourd’hui. Dès le premier janvier, c’est lui qui sera aux commandes de l’emblématique Bocca. «Ça fait drôle, quand même…» conclut Claude Frôté.