Texte: Elsbeth Hobmeier
MORT LORS D'UNE RANDONNÉE À VÉLO. Dimanche dernier, le 17 novembre, Jean-Denis Perrochet n'est pas revenu d'une sortie à vélo. Une crise cardiaque l'a terrassé. Il est décédé à l'âge de 63 ans, pleuré par son épouse Christine, ses trois enfants et leurs familles. Mais aussi par ses collègues vignerons de toute la Suisse et les nombreux amateurs qui ont apprécié ses vins et la production de la Maison Carrée, à Auvernier, un domaine de dix hectares qu'il a longtemps dirigé.
LA 7E GÉNÉRATION ÉTAIT ARRIVÉE AUX COMMANDES DÉBUT 2024. Jean-Denis et Christine Perrochet avaient transmis la responsabilité de la Maison Carrée à leur fils Alexandre, et donc à la 7e génération, au début 2024. Ils souhaitaient profiter paisiblement des années à venir, tout en restant à la disposition de leur fils, pour le conseiller et l'aider si besoin dans ses premiers pas seul à la tête du domaine. Ceci dit, Alexandre n'est pas un nouveau venu dans le monde du vin. En effet, il travaillait au domaine avec son père depuis 2015. D'ailleurs, en 2023, ils avaient tous deux été élus meilleurs vignerons bio de Suisse. En outre, la Maison Carrée et les Perrochet font partie du Top 150 GaultMillau des meilleurs vignerons du pays depuis des années. Mais quel que soit son talent, pour Alexandre Perrochet, la perte est immense. Celle d'un fils qui se retrouve orphelin, mais aussi celle d'un vigneron qui ne pourra plus s'appuyer sur l'immense expérience de Jean-Denis.
UN PIONNIER DE LA BIODYNAMIE. Jean-Denis Perrochet était un pionnier du bio, fervent défenseur de la culture des vignes au plus proche de la nature. Dès 1980, il fut un des premiers domaines viticoles neuchâtelois à se convertir à la production intégrée. En 2013, il avait franchi un pas supplémentaire, s'engageant dans la culture biodynamique. Finalement, depuis 2016, la Maison Carrée était certifiée Demeter. Jean-Denis Perrochet s'était en outre engagé avec véhémence contre l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques. «Le vin est et doit rester un produit naturel qui naît dans le vignoble», assurait le vigneron, qui s'est toujours prononcé contre «l'amélioration artificielle et les corrections à tout va». Ses vins sans fioritures, ses pinots noirs classiques, ses blancs magnifiques jouent tous, en Suisse, dans la cour des grands. D'autant plus que la plupart possède également un immense potentiel de vieillissement. Chaque bouteille ouverte, chaque verre bu rappellera leur créateur pendant de longues années encore.
Photos: Salvatore Vinci